Idée Cadeau de Noël « petits cycles de bonheur »

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Encore une idée cadeau de Noel avec ce livre qui est un voyage. Un voyage réel – et littéraire – sur une machine qui n’a pas fini de faire tourner des milliards de jambes sur la planète : le vélo. La « petite reine »

Dans « petits cycles de bonheur », un parisien féru de philosophie et de vélo nous livre souvenir et réflexions, pour montrer l’élégance, la magie et l’universalité de la bicyclette. Il consacre quelques pages au tandem et lui attribue un fort pouvoir évocateur : l’accord parfait du couple et l’insouciance de l’été 1936.

J’ai souvent regardé les photos de Willy Ronis, particulièrement celles ou il à saisi l’atmosphère des premiers congés payés. On y voit des couples souriants, donnant une inégalable impression d’insouciance. Qui ne les envierait ? Sur l’une d’elles, un homme et une femme en train de faire du tandem, elle derrière et lui devant. Je n’ai d’ailleurs jamais vu l’inverse. C’est l’été, le seul été dont on se souvienne sans l’avoir vécu, l’été 1936.

Il s’est vendu beaucoup moins de tandems que de vélos traditionnels, mais la portée affective du tandem était trop tentante. Il incarne ce que les laborieux de 1936, à la différence des nantis, sont censés détenir. Le tandem, c’est le vélo du couple, comme si la pauvreté des travailleurs, comparée à la richesse de la bourgeoisie roulant en voiture, était compensée par leurs relations sentimentales. Pour rouler en tandem, il faut un parfait accord entre les deux acteurs, ils doivent se parler, se coordonner, pédaler au même rythme. Ne pas tricher en faisant semblant. Bref, s’entendre et tenir compte de l’autre s’ils veulent maintenir leur équilibre, avancer et arriver à bon port. La relation affective harmonieuse est un gage d’efficacité. Et sur le plan social, la place de chacun est respectée : lui devant elle derrière, le vélo conforte les règles de la société amoureuse d’alors. Elle suit, elle est protégée ; apparemment, elle ne guide pas. Dans les faits, le poids du corps situé à l’arrière agit fortement sur la conduite de l’engin, comme j’ai pu l’expérimenter à plusieurs reprises. La femme influence et n’agit pas directement, les apparences sont sauves.

Les cyclistes de 1936 sont pauvres, mais ils ont des sentiments l’un pour l’autre. Ils n’ont pas d’argent, mais ils sont jeunes, ils se parlent et ils s’aiment. Dans l’imaginaire collectif, le pouvoir des sans-pouvoir est sentimental. Ils trouvent dans les émotions de la vie ce qui leur manque par ailleurs. Quelle que soit la réalité de leurs histoires personnelles.

« Petits cycles de bonheur » édition Arléa, 2007

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Petits cycles de bonheur relèvent à la fois du témoignage personnel et de l’essai. Consultant en stratégie pour les entreprises, Pierre-louis Desprez enseigne aussi la philosophie ; il a lu les grands auteurs et s’y réfère abondamment. Au fil des pages, on croise ainsi Rousseau, Freud (qui exécrait la bicyclette !), Montaigne, Pascal, Proust, Descartes ou encore Barrès, qui attribuait au vélo « la satisfaction d’un besoin antique : le vagabondage »

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cropped-logo-gm-le-tour-de-thierryThierry Mollé